Martha, figure de proue d’un ancien navire dunkerquois, porte encore les marques de ses nombreux périples, malgré sa restauration. Symbole de résilience, elle incarne aujourd’hui l’esprit d’un projet innovant sur le psychotraumatisme, mêlant arts et neurosciences.
Né de la rencontre entre Sarah Feuillas, artiste plasticienne, et Fabien D’Hondt, maître de conférences en neurosciences, le projet « Martha » s’appuie sur les connaissances scientifiques actuelles sur le psychotraumatisme tout en adoptant une démarche artistique et poétique. L’objectif ? Explorer et illustrer la transformation des émotions liées aux expériences traumatiques au fil du temps.
Lors de la conférence inaugurale, Sarah Feuillas, qui a elle-même vécu un événement traumatique, raconte sa démarche : « L’immersion de sculptures représentant les objets témoins d’événements traumatiques et le travail réalisé en laboratoire ont permis d’explorer la manière dont les souvenirs et le rapport affectif à ces objets évoluent avec le temps. Les sculptures se sont métamorphosées dans l’eau, reflétant les transformations émotionnelles associées au psychotrauma. »
Il faut dire que le champ lexical de l’eau revient souvent dans le vécu du psychotraumatisme : « je me suis noyée » dit Jennifer, l’une des deux patientes partenaires ayant participé au projet. Ces métaphores traduisent l’effet du trauma : « je me suis senti submergé », « j’ai touché le fond », puis « je suis remontée à la surface ».
Dans une volonté d’ancrer le projet dans une démarche donnant une juste place aux personnes concernées, Sarah et Fabien ont sollicité l’accompagnement d’Emmanuelle Verkest, ingénieur de recherche participative au Cn2r et elle-même personne concernée.
La conférence inaugurale s’est poursuivie avec la projection du film « Martha », qui relate les témoignages des personnes concernées, l’immersion des sculptures, les explorations neuroscientifiques, et l’utilisation d’outils d’intelligence artificielle au laboratoire. Rythmé par des passages chorégraphiques empreints de poésie et de mouvement, le film propose un récit émouvant de l’histoire du projet.
Ce travail puissant n’aurait pas pu voir le jour sans la résidence AIRLab, portée par la direction culture de l’Université de Lille, en collaboration avec le centre de recherche Lille Neuroscience & Cognition (U1172, Univ. Lille, Inserm, CHU de Lille) et le Cn2r.
Et si vous souhaitez en voir +/ en savoir + : l’exposition est visible jusqu’au 28 février à l’espace culture, Cité Scientifique, Villeneuve-d’Ascq (métro ligne 1 – arrêt Cité Scientifique)