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Les membres de la communauté LGBTQI+ ont plus de risques de développer un trouble de stress post-traumatique (TSPT) en raison des violences homophobes, transphobes ou encore biphobes qu’ils et elles subissent. Alors que l’association SOS homophobie souligne une “inquiétante hausse” des agressions physiques homophobes dans son dernier rapport (+28% en un an), plusieurs associations proposent un accompagnement psychologique des victimes de ces agressions.

Insultes, crachats, coups… Les agressions homophobes, transphobes, biphobes sont en hausse d’après le dernier rapport de l’association SOS Homophobie, publié le 5 mai dernier. “Je regarde tout le temps derrière moi quand je marche dans la rue. Et je suis sous anxiolytiques, pour calmer mes crises d’angoisse”, témoignait Lyes Alouane à France Info en 2018. Le jeune homme, victime de nombreuses insultes et agressions homophobes, a développé un trouble de stress post-traumatique. “Depuis que j’assume mon homosexualité, c’est-à-dire depuis un an et demi, c’est un cauchemar”, poursuit Lyes Alouane, qui est accompagné par l’association Stop Homophobie.

  • Quelques chiffres : le risque de développer un TSPT est deux à trois fois plus élevé chez les personnes LGBTQI+. Une étude publiée en 2012 a démontré que la prévalence du TSPT était de 18,6% pour les femmes lesbiennes, et même de 26,6% pour les bisexuelles, contre 6,6% chez les femmes hétérosexuelles. Le risque de développer un TSPT a été évalué à 13,6% pour les hommes homosexuels, contre 4% pour les hommes hétérosexuels.

Les événements traumatisants que constituent les agressions physiques et/ou sexuelles sont en général associées à des formes de stigmatisation et des micro-agressions qui accentuent le risque de développer un trouble de stress post-traumatique et rendent difficile son diagnostic. “Certaines formes de LGBTIphobies impactent considérablement la santé mentale des victimes à long terme”, précise le rapport de SOS Homophobie. “En effet, elles continuent, des années plus tard, à affecter les victimes, qui ressentent de la peur (jusqu’à développer des stratégies d’évitement), de la honte, de l’anxiété, de la paranoïa et du stress. Elles cumulent insomnies, cauchemars, et somatisent leur mal-être par des douleurs physiques.”

Reste que l’identification des symptômes n’est pas toujours évidente, surtout chez les personnes queer. “On est face à des TSPT sous-diagnostiqués”, confirme Maxence Ouafik, médecin généraliste et doctorant sur la santé des minorités sexuelles et de genre. “Souvent, il n’y a pas d’événement traumatique précis et identifié, ou alors une surexposition aux événements traumatiques.”

Stress minoritaire

Outre-Atlantique, les chercheurs ont étudié le concept de “stress minoritaire”, assez peu connu en France, forme de stress qui pourrait constituer un facteur de risque supplémentaire du TSPT. “C’est assez peu étudié en France, mais le principe c’est de dire que les personnes lesbiennes, homos et trans subissent un stress supplémentaire”, poursuit Maxence Ouafik.

“On a d’un côté les facteurs de stress “distaux”, c’est à dire objectifs, comme les agressions, les violences, les rejets, et de l’autres les facteurs “proximaux” qui sont davantage liés à la subjectivité, comme le fait d’anticiper un événement négatif, de dissimuler son identité par crainte de la violence, ou l’homophobie intériorisée.”

Parmi les autres facteurs de risque de TSPT, la surexposition aux événements traumatiques est également importante. Les personnes LGBT et notamment bisexuelles sont davantage victimes de violences sexuelles, de violences intrafamiliales. “On va aussi avoir des situations de causalité inversée, où on va se demander si elle n’est pas trans parce que elle a été violée durant l’enfance, alors que c’est tout l’inverse. Ce genre de remarques, c’est contreproductif et délétère”, précise Maxence Ouafik.

Le TSPT, pas une fatalité

Longtemps stigmatisés par le corps médical, tandis que l’homosexualité ou la transidentité étaient considérées comme des maladies jusqu’à peu, les personnes LGBTQI+ sont encore très mal prises en charge, notamment dans le domaine de la santé mentale. Manque de formation, stigmatisation des personnes LGBT, et notamment des personnes trans… “Les professionnels de santé formés restent l’exception”, déplore Maxence Ouafik.

Toutefois, de plus en plus d’associations et de personnels de santé se mobilisent pour les accompagner dans leur parcours de soin. Le réseau psy·gay·e·s propose ainsi une mise en relation avec des professionnels (psychologues, psychiatres…) fondée sur le respect des orientations sexuelles. Les centres régionaux du psychotraumatismes (CRP) peuvent également accueillir ou orienter les personnes LGBTQI+ souffrant d’un trouble de stress post-traumatique.

“Dans tous les cas, on recommande de passer par les associations qui ont un réseau de professionnels formés”, conclut Maxence Ouafik. “D’autant que l’accès communautaire, la possibilité de pouvoir parler avec des gens qui nous comprennent, c’est un facteur de résilience avéré.”

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