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À trois mois de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, les urgentistes des Cellules d’Urgence Médico-Psychologique (CUMP) se préparent à l’éventualité d’une catastrophe qui se déroulerait pendant les Jeux. Recrutement et formation de volontaires, coordination des différentes cellules, mais aussi simulations grandeur nature : à Paris, Bordeaux, et dans toute la France, les “cumpistes” s’entraînent.

Lors d’un exercice de simulation avec la CUMP Paris. Source : Dr Gaëlle Abgrall

On n’arrête pas depuis un an”, entame Dr Gaëlle Abgrall, référente de la CUMP de Paris et de la zone Île de France, à la question de savoir s’ils se préparent aux Jeux Olympiques. Autour de la psychiatre, une centaine de volontaires se préparent, à Paris, à endosser le rôle de « cumpistes », comprendre des psychiatres, des psychologues, mais aussi des infirmiers formés à la prise en charge psychologique d’urgence. “On propose un exercice une fois par mois, voire plusieurs fois par mois à l’approche des Jeux Olympiques. L’idée c’est de préparer une réserve de cumpistes expérimentés pour l’été”, explique Dr Gaëlle Abgrall. “On passe en revue les différentes possibilités de catastrophes, par exemple des attentats. C’est surtout le nombre de victimes impliquées qu’on prend particulièrement en compte.


À Bordeaux également, les psys de l’urgence se mobilisent à l’approche de l’événement, ou plutôt des événements, pour lesquels sont attendus plus de 15 millions de visiteurs sur le territoire français. Parmi les derniers entraînements réalisés, une simulation de tuerie de masse, pour entraîner les volontaires et former les nouveaux. « L’idée c’est de former aux modalités de prise en charge des victimes, au tri clinique des personnes impliquées, à la prise en soin individuelle et collective », explique Dr Charles-Henri Martin, psychiatre référent zonal Sud-Ouest. Au-delà des exercices en interne, les volontaires participent également à des simulations « grandeur nature », organisées par les Préfectures et pour lesquelles sont également mobilisés la police, le Samu, les pompiers etc. « Ça permet de se familiariser avec les différents intervenants pour être d’emblée efficients si une catastrophe se produisait », poursuit le psychiatre.

Un entraînement continu

Si le rythme des entraînements s’est intensifié à l’approche des JO, la mécanique est déjà est bien huilée. « Finalement la typologie de l’événement importe peu », nuance Dr Charles-Henri Martin. « Le mode d’organisation reste le même et est connu depuis 2015. » Un constat partagé par Dr Gaëlle Abgrall, à Paris, qui met en avant la coordination au niveau national, assurée par Nathalie Prieto et François Ducrocq, qui permet aux différentes cellules de fonctionner de manière homogène.

En tout, plus de 4000 volontaires sont recensés au niveau national, au sein d’un vivier régulièrement renouvelé. « On a eu pas mal de départs post-Covid, disons entre 2020 et 2023, c’est pour ça qu’on a organisé une grande campagne de recrutement et de formation, à l’approche des JO mais aussi pour septembre dernier en vue de la coupe du monde de rugby », précise Dr Charles-Henri Martin. En Gironde, 33 personnes ont ainsi été formées à la prise en charge psychologique d’urgence depuis un an.

Ajuster les moyens

Finalement, la préparation des secouristes consiste moins en un entraînement à la prise en charge des victimes, qu’ils et elles suivent régulièrement, mais plus à une organisation administrative pour faire en sorte que tout le monde soit prêt… et disponible. « En ce moment, le sujet c’est plus la disponibilité des agents, et on sait que dans le médico-sanitaire, on manque de ressources humaines partout », déplore Dr Charles-Henri Martin. « Aujourd’hui, notre préparation consiste à se demander comment on va pouvoir libérer des agents pour éventuellement prêter main forte sur un autre territoire, qui est là, qui n’est pas là, qui est mobilisable entre le 20 juillet et le 15 août, etc. J’ai des points rouges sur mon calendrier pour chaque événement. C’est surtout de la logistique. »

À Paris aussi, on s’assure de la présence et de la disponibilité des volontaires et partenaires. « Par exemple, il semblerait que parmi le public attendu, il y ait une majorité de personnes francophones. Mais on anticipe et avec l’association Paris Aide aux victimes, on mobilise des traducteurs pour les personnes allophones », poursuit Dr Gaëlle Abgrall. « Ça fait partie des paramétrages actuels », renchérit son homologue bordelais. « Dans le référencement des volontaires, en plus des disponibilités, et des compétences en psy et en psychotrauma, on note les langues étrangères pratiquées », conclut Dr Charles-Henri Martin.

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