Il y a quelques mois, le Cn2r publiait un dossier sur les liens entre la mémoire et les traumas, en abordant la manière dont les souvenirs traumatiques peuvent être altérés, fragmentés ou même effacés. Dans la continuité de cette réflexion, nous revenons aujourd’hui sur un phénomène tout aussi intrigant : l’amnésie dissociative. Anciennement connue sous le nom d’amnésie psychogène et considérée alors comme un symptôme névrotique lié au refoulement, elle est aujourd’hui définie comme une incapacité à se souvenir d’informations autobiographiques importantes qui peuvent être liées à un traumatisme ou à un stress. Ce phénomène, classé comme un trouble dissociatif spécifique dans des manuels comme le DSM-5 et la CIM-11, peut également apparaître comme un symptôme dans le cadre d’autres pathologies, notamment le trouble de stress post-traumatique (TSPT).
Aujourd’hui encore, il reste l’objet de débats vifs au sein de la communauté scientifique, juridique et médicale. Elle a d’ailleurs été cœur d’un webinaire organisé en 2022 par le Cn2r, en collaboration avec le Olivier Dodier, pour aborder ses mécanismes, ses limites conceptuelles et ses implications. Ses implications cliniques et juridiques sont majeures : comment garantir une prise en charge adaptée pour les victimes, tout en assurant la fiabilité des témoignages dans les affaires de violences sexuelles ? Ce dossier se penche sur ces questions en explorant l’amnésie dissociative sous plusieurs angles, tout en mettant en lumière les récentes controverses scientifiques qui entourent ce trouble.