Vincent Leger : Absolument. Cette notion nous invite à poser un autre regard sur l’accompagnement des populations. Il ne s’agit plus seulement d’apporter une aide d’urgence, mais de permettre aux personnes de se reconstruire et s’autonomiser en mobilisant leurs ressources propres et celles de leur entourage, de leur communauté. Cela dit, comme tout concept englobant, la définition du mot résilience a évolué au gré des disciplines, des auteurs et des époques, et elle peut prendre des sens très différents selon les acteurs concernés, ce qui rend son utilisation complexe. Aussi, ce terme est régulièrement sujet à débat. Pour certains, la résilience des populations face aux chocs suite à une crise ou expérience traumatique pose en effet un enjeu sociétal majeur, qui ne doit pas conduire à une inégale répartition des responsabilités voire à une déresponsabilisation des acteurs privés et publics au détriment des populations. Pour d’autres, cette résilience est difficile à opérationnaliser
et pose de nombreuses questions éthiques, idéologiques, politiques, au sens fort du terme, concernant notamment la définition et le coût social de l’adaptation transformationnelle induite
par les politiques visant à construire la résilience des individus.
Qu’est-ce que la résilience ? Existe-t-il différents types de résilience ? Comment connaitre le niveau de résilience d’une personne, d’une organisation ou d’une société ? Peut-on mesurer la résilience ? Peuton agir sur la résilience ? Que sait-on des conditions du succès d’actions destinées à se préparer aux chocs, voire à les éviter et s’y adapter sur le long terme ? Quel rôle possible pour les praticiens de l’action sociale ou de la solidarité internationale dans cette action ? Voilà tout un tas de questions qui animent les recherches soutenues par la Fondation sur la notion de résilience des populations face aux chocs suite à une crise ou expérience traumatique (catastrophe naturelle, crise sanitaire, parcours migratoire), et également sur la résilience des praticiens de l’action sociale ou de la solidarité internationale qui leur viennent en aide, et qui sont dans la nécessité de s’adapter, voire de se réinventer dans un contexte de crises écosystémiques aussi imprévisibles qu’irréversibles.